Alice Thorn, l’art de renaître dans un monde en feu

Pourtant, jusqu’à cette année, peu avaient entendu parler d’Alice Thorn. Originaire du Yorkshire, cette artiste de 29 ans a déboulé comme une onde de choc dans un paysage musical où faire du folk avec authenticité ressemble parfois à marcher sur une corde raide. Avec un passé fait de cafés littéraires, de trajets en van et de sets acoustiques improvisés dans des pubs de campagne, Alice incarne cette grâce rustique et sincère qui manque dans tant de sorties actuelles.

L'album "Crowning the Shadows" explore les paysages humains et naturels avec une sensibilité désarmante. Thorn semble canaliser des énergies anciennes ayant traversé le temps. À mi-chemin entre la vulnérabilité d’une Laura Marling et la complexité lyrique d’un Leonard Cohen, elle réussit un équilibre qui, au premier abord, semble presque trop parfait pour être vrai.

Pourquoi cet album a tant résonné ?

Une esthétique musicale sincère et audacieuse

Ce qui distingue "Crowning the Shadows", c’est cette ambiance brumeuse et onirique, sans pour autant s’éloigner des bases acoustiques du folk. Thorn et son producteur, Ethan Reid, ont fait un choix audacieux en enregistrant une grande partie des morceaux en direct dans une église désaffectée du Sheffield. Le résultat ? Une acoustique qui enveloppe chaque guitare pincée et chaque soupir de Thorn.

  • Des instruments traditionnels réinventés : L’utilisation d’un dulcimer appalachien sur "Through the Pines" ou encore le tambour irlandais (bodhrán) sur "Mother’s Lullaby" ajoutent une dimension rare et authentique.
  • Des textures immersives : Par moments, on croirait entendre le vent souffler à l’arrière-plan, ou des oiseaux s’éloigner, capturés accidentellement, mais qui viennent sublimer les enregistrements.

Une écriture poétique à fleur de peau

Impossible de ne pas parler de l’écriture. Thorn a un don pour les tournures délicates et les imageries universelles. "Beneath the Willow Tree", par exemple, n’est pas seulement une ballade douce ; c’est une méditation sur les pertes et la résilience qu’elles exigent. Chaque chanson est une petite nouvelle, une confidence. Comme elle l’a confié lors d’une interview avec The Guardian, elle s’inspire des carnets datant de son adolescence, décrivant des phases de transformation et de guérison émotionnelle.

Quelques chiffres et faits marquants à ne pas manquer

Au-delà des louanges critiques et des listes de "best of", voici les performances réelles qui témoignent de l’impact de l’album :

  • Numéro 1 sur le Billboard Folk Album Chart pendant 3 semaines consécutives – un exploit rare pour un premier opus.
  • Plus de 12 millions d’écoutes cumulées en ligne un mois après sa sortie (chiffres combinés de Spotify et Apple Music selon Chartmetric).
  • Inclus dans les listes "25 albums de l’année" de médias influents tels que Pitchfork et NME.

Un public conquis sur tous les fronts

En concert, Alice Thorn se tient à contre-courant du clinquant actuel. Sa récente tournée en petits lieux a affiché complet partout, du Café OTO à Londres aux cabanes acoustiques branchées de Portland. Les spectateurs parlent souvent de "moments suspendus dans le temps" et de connexion presque spirituelle avec l’artiste.

Ce qu’Alice Thorn apporte à l’avenir du folk

"Crowning the Shadows" n’est pas juste un lit de mélodies plaisantes et évocatrices ; c’est une pierre ajoutée à la fondation d’un genre qui, entre mainstream et underground, cherche une route vers la pertinence éternelle. Alice Thorn ne fait pas que raconter des histoires. Elle rallume une voie : celle où la musique n’est pas un produit, mais une offrande.

Si le folk se voulait autrefois une sorte de miroir social, en écho aux luttes et histoires individuelles, cet album en est l’émanation parfaite pour notre époque. Entre visions environnementales, questionnements identitaires, et douceur des souvenirs d’une enfance quasi-mystique, Thorn replace l'humain et la nature au cœur de ses préoccupations, et par extension, de la musique folk d’aujourd’hui.

Un morceau à écouter absolument : "Through the Pines"

Séduisant dès la première écoute, ce morceau semble suspendu dans une brume matinée, quelque part entre nostalgie et apaisement. Avec sa structure simple mais efficace, "Through the Pines" est une sorte d’invitation dans l’univers d’Alice Thorn. Une guitare claire, une voix qui se pose doucement... et ce dulcimer qui nous berce dans une boucle presque hypnotique.

Couronné pièce maîtresse de l’album par Rolling Stone, ce titre illustre à merveille l’idée d’une communion musicale quasi tactile, une conversation intime entre artiste et auditeur.

Et maintenant ?

Alice Thorn nous laisse avec une promesse audacieuse. De prouver que la sincérité folk peut encore toucher les masses et nous faire réfléchir à ce qu’on laisse derrière nous – dans un monde où la musique, parfois, devient aussi éphémère qu’un souffle numérique.

Alors, si vous ne l’avez pas encore écouté, branchez-vous, fermez les yeux. Et sentez ces ombres couronnées, prêtes à vous transporter dans un univers dont le folk avait grandement besoin.

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